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Qu’est-ce que la Programmation Urbaine ?

La programmation urbaine est un processus de planification et de conception qui vise à organiser et à gérer le développement des villes et des espaces urbains. Elle implique l’élaboration de stratégies, de politiques et de directives pour guider la croissance urbaine, la répartition des ressources, la gestion des infrastructures, et la création d’environnements urbains fonctionnels, esthétiques et durables.

La programmation urbaine comprend généralement plusieurs étapes, telles que l’analyse des besoins et des ressources, la consultation des parties prenantes et du public, la définition des objectifs et des priorités dans le temps et de manière sectorisée, ou encore la formulation de plans et de réglementations adaptés au projet global.

Les objectifs de la programmation urbaine peuvent varier en fonction des contextes locaux et des défis spécifiques auxquels une ville est confrontée. Cela peut inclure la promotion de la qualité de vie, de la diversité des fonctions urbaines, la création de quartiers durables et inclusifs, la protection de l’environnement, la gestion des transports et de la mobilité, la revitalisation des zones urbaines en déclin, ou encore la promotion de l’innovation et de la compétitivité économique. En résumé, la programmation urbaine cherche à façonner le développement des villes de manière à répondre aux besoins présents et futurs de leurs habitants tout en préservant et en améliorant la qualité de l’environnement urbain.

1. Le contexte

Dans un contexte de raréfaction foncière engendrée entre autre par la croissance démographique et les diverses mesures mises en œuvre pour lutter contre l’étalement urbain, l’artificialisation des sols, les modalités de développement des espaces urbanisés constituent un défi majeur pour les années à venir.

La programmation urbaine devient ainsi un outil crucial pour optimiser l’utilisation du sol et répondre aux besoins croissants de la population.

Par ailleurs, au regard de la complexité et l’interconnexion des facteurs de développement, les acteurs à mobiliser sont particulièrement nombreux pour coordonner les projets : économie locale, environnement, services, infrastructures, mobilité, habitat, associations…

2. Les acteurs de la programmation urbaine

Si les urbanistes, architectes et paysagistes jouent un rôle central pour la conception des projets urbains de demain, c’est dans une dimension de construction partagée que s’effectue la démarche de programmation urbaine.

Acteurs publics

  • Collectivités territoriales : Elles définissent les orientations stratégiques et les politiques publiques en matière d’urbanisme.
  • Cabinets et Agences d’urbanisme : Elles apportent une expertise technique et accompagnent les collectivités dans la mise en place de leurs projets.
  • Établissements publics fonciers : Ils interviennent dans l’acquisition et la gestion du foncier.

Acteurs privés

  • Promoteurs immobiliers : Ils développent des projets de construction et de commercialisation de logements et de locaux d’activité.
  • Bailleurs sociaux : Ils construisent et gèrent des logements locatifs sociaux.
  • Architectes et urbanistes : Ils conçoivent les projets urbains et veillent à leur qualité architecturale et environnementale.
  • Bureaux d’études : Ils réalisent des études techniques (réseaux,…) et d’impact sur les aspects économiques, sociaux et environnementaux des projets.

Acteurs associatifs et citoyens :

  • Associations d’habitants : Elles défendent les intérêts des riverains et participent aux concertations publiques.
  • Organisations environnementales : Elles veillent à la préservation de l’environnement et à la qualité de vie.
  • Citoyens : Ils peuvent s’exprimer et participer aux processus de décision urbaine à travers des consultations publiques, des ateliers participatifs, etc.

Autres acteurs :

  • Experts et chercheurs : Ils apportent leurs connaissances et éclairages sur les questions urbaines.
  • Écoles et universités : Elles forment les professionnels de l’urbanisme de demain.

Collaboration et coordination :
Le succès de la programmation urbaine dépend de la capacité des différents acteurs à travailler ensemble et à coordonner leurs actions. La mise en place d’une gouvernance efficace est donc essentielle pour garantir la cohérence et la qualité des projets urbains.

Exemples d’outils de collaboration :

  • Charte de participation : Elle définit les principes et les modalités de la participation des citoyens aux projets urbains.
  • Concertation publique : Elle permet aux citoyens de s’exprimer et de donner leur avis sur les projets urbains.
  • Atelier participatif : Il permet aux citoyens de co-construire les projets urbains avec les autres acteurs.

3. Quelques enjeux de la programmation urbaine

En réponse à la démultiplication des champs de réflexion de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire, la prise de conscience collective des enjeux de développement des espaces urbaines et ruraux n’a fait que s’accroître au fil des dernières décennies. Sans être exhaustifs, en voici quelques-uns…

Enjeux sociaux :

  • Logement abordable : Accroître l’offre de logements accessibles et adaptés aux différents besoins de la population.
  • Mixité sociale : Favoriser la diversité sociale et lutter contre la ségrégation urbaine.
  • Cohésion sociale : Créer des espaces publics inclusifs et conviviaux pour renforcer le lien social.

Enjeux environnementaux :

  • Préservation des espaces naturels : Limiter l’artificialisation des sols et protéger les écosystèmes fragiles.
  • Qualité de vie : Améliorer la qualité de l’air et réduire la pollution sonore.
  • Adaptation au changement climatique : Mettre en place des stratégies pour minimiser les impacts du changement climatique.

Enjeux économiques :

  • Attractivité économique : Maximiser l’espace pour les activités économiques et commerciales tout en préservant la mixité fonctionnelle.
    Lutte contre la vacance immobilière: Mobiliser les friches urbaines et les terrains sous-utilisés pour des projets productifs.
  • Aménagement durable : Favoriser des modes de transport alternatifs et réduire l’empreinte carbone de la ville.

4. La complexité de la programmation urbaine

La programmation urbaine, bien qu’elle soit un outil essentiel pour l’aménagement des villes durables, se heurte à plusieurs obstacles qui peuvent en freiner l’efficacité et la mise en œuvre. Voici quelques-uns des obstacles les plus fréquents :


La complexité et la fragmentation des acteurs :

  • La multiplicité des acteurs impliqués dans la programmation urbaine peut générer des difficultés de coordination et de communication.
  • La fragmentation des compétences et des responsabilités entre les différentes administrations peut ralentir le processus décisionnel.

Le manque de vision à long terme :

  • La pression politique et l’urgence de répondre aux besoins immédiats peuvent conduire à des décisions à court terme qui ne s’inscrivent pas dans une vision globale et durable de la ville.
  • L’absence d’une planification stratégique cohérente peut limiter l’efficacité des interventions urbaines.

Les difficultés d’inclusion et de participation citoyenne :

  • La participation des citoyens aux processus de décision urbaine peut être difficile à organiser et à garantir.
  • La complexité des dossiers techniques peut limiter la capacité des citoyens à s’approprier les projets et à formuler des avis éclairés.

La rigidité des réglementations et des procédures :

  • Les réglementations urbaines et les procédures administratives peuvent être lourdes et contraignantes, ce qui peut freiner l’innovation et la créativité dans les projets urbains.
  • L’adaptation des réglementations à l’évolution des besoins et des contextes urbains peut être un processus long et complexe.
    Le financement et les ressources limités:
    • La mise en œuvre des projets urbains nécessite des ressources financières importantes qui ne sont pas toujours disponibles.
  • La recherche de financements innovants et la mobilisation des acteurs privés peuvent être nécessaires pour combler le manque de ressources publiques.
    Les risques d’exclusion et de gentrification:
  • La programmation urbaine peut involontairement exclure certains groupes sociaux de l’accès au logement et aux services urbains.
  • La gentrification, c’est-à-dire le remplacement des populations à faibles revenus par des populations plus aisées, est un risque réel qui doit être pris en compte.
    Afin de surmonter les obstacles possibles dans le cadre des études de programmation urbaine, une attention forte doit permettre de :
  • Développer une culture de collaboration et de dialogue entre les différents acteurs.
    • Définir une vision à long terme et une stratégie urbaine cohérente.
  • Mettre en place des outils et des processus de participation citoyenne efficaces.
  • Adapter les réglementations et les procédures pour favoriser l’innovation et la flexibilité.
  • Mobiliser des financements publics et privés pour soutenir les projets urbains.
  • Mettre en place des politiques pour assurer des aménagements ouverts à tous.

5. Les stratégies de programmation urbaine

La programmation urbaine se présente comme un outil essentiel pour construire des villes durables, inclusives et résilientes. Voici quelques exemples de stratégies de programmation urbaine :

La recherche de mixité fonctionnelle :

  • Favoriser la cohabitation de différentes fonctions urbaines (habitat, travail, commerces, loisirs) dans un même quartier pour limiter les déplacements et créer des lieux de vie dynamiques.
  • Développer des rez-de-chaussée actifs avec des commerces et des services de proximité.
  • Encourager l’implantation d’activités économiques diversifiées.

La recherche d’une densification urbaine raisonnée :

  • Augmenter la densité du bâti en privilégiant des formes urbaines compactes et intelligentes pour optimiser l’utilisation du foncier.
  • Développer des quartiers denses et accessibles à tous, en tenant compte des besoins en espaces publics et en services.
  • Promouvoir des solutions architecturales innovantes pour maximiser l’espace et la qualité de vie.

La recherche d’une mobilité durable :

  • Développer des infrastructures de transport en commun efficaces et accessibles pour réduire la dépendance à la voiture.
  • Favoriser les modes de transport doux (marche, vélo, etc.) et créer des espaces publics adaptés.
  • Mettre en place des politiques de stationnement incitatives pour limiter la circulation automobile.

La recherche d’une qualité environnementale :

  • Préserver et valoriser les espaces naturels et la biodiversité en ville.
  • Promouvoir des bâtiments durables et économes en énergie.
  • Lutter contre la pollution et améliorer la qualité de l’air.

La recherche d’intégration sociale :

  • Favoriser la mixité sociale et lutter contre la ségrégation urbaine.
  • Développer des logements abordables et adaptés aux besoins de tous.
  • Mettre en place des services publics accessibles à tous.

Favoriser la participation citoyenne :

  • Associer les citoyens aux processus de décision urbaine dès le début des projets.
  • Mettre en place des outils et des espaces de dialogue et de concertation.
  • Favoriser la co-construction des projets urbains avec les habitants.

Favoriser l’innovation urbaine :

  • Encourager l’expérimentation et le développement de solutions innovantes pour répondre aux défis urbains.
  • Soutenir les initiatives locales et les projets participatifs.
  • Favoriser la collaboration entre les acteurs publics, privés et associatifs.

La programmation urbaine n’est pas une solution unique et stéréotypée. Chaque ville ou chaque village doit définir sa propre stratégie en fonction de son contexte et de ses besoins spécifiques. En combinant différentes stratégies et en s’adaptant aux particularités locales, les villes peuvent construire un avenir urbain plus durable, plus inclusif et plus prospère.